Expressions du Québec reliées au travail

Publié par Judith Lefebvre le

DÉFI #19

Il s’agit du quatrième défi sur les expressions du Québec. Si vous aimez celui-ci et que vous voulez également découvrir les précédents, vous pouvez le faire en cliquant ici.

Tel que mentionné lors des autres défis, les expressions sont importantes pour pleinement participer aux discussions et pour bien comprendre ce qui se passe autour de nous. En effet, les Québécois utilisent beaucoup les expressions d’ici et souvent, il s’agira de la seule explication que vous aurez pour décrire une situation. 😀

Aujourd’hui, j’ai envie de vous apprendre quatre expressions surtout liées au travail. Elles s’utilisent aussi dans la vie à l’extérieur du bureau, mais pour toutes, leur signification est très en lien avec le monde du travail.

Expression #1: Le boss des bécosses

Je débute cet article avec cette expression parce qu’elle est très souvent utilisée!
Pour bien comprendre cette expression, il faut tout d’abord en expliquer les deux mots principaux.
Boss: il s’agit d’un emprunt à l’anglais pour désigner un patron.
Bécosse: il s’agit d’une déformation de mots anglais pour désigner les toilettes extérieures. Auparavant, les toilettes étaient à l’extérieur et à l’arrière de la maison et s’appelaient (en anglais) “back house”. 
Ainsi, le sens littéral d’être le boss des bécosses signifie être le patron des toilettes extérieures.

Toutefois, sa véritable signification est toute autre. On utilise cette expression pour parler de quelqu’un qui se croit assez important dans la hiérarchie de l’entreprise ou qui a l’attitude de quelqu’un qui pense détenir beaucoup de pouvoir, mais dans la réalité, il n’en est rien.

C’est une façon détournée de dire que la personne n’est en réalité patron de rien du tout. Comme si on voulait dire que la personne qui pense être le maître de la maison n’est en fait que le maître des toilettes extérieures.

Bien que parfaite pour le monde du travail, cette expression s’utilise aussi avec les amis et la famille.

Exemples de l’utilisation que j’en fais dans ma vie:

  • La mère d’une amie l’a utilisée avec son petit-fils de 3 ans qui disait que lorsque ses parents étaient absents, c’était lui le patron de la maison. Elle lui a gentiment dit “Quand tes parents ne sont pas là et que c’est grand-papa et grand-maman qui te gardent, nous sommes en charge. Toi, tu es le boss des bécosses au grand maximum!” 😉
  • On a tous déjà travaillé pour une entreprise familiale où à un certain moment, un membre non qualifié de la famille du grand patron est embauché. Malheureusement, trop souvent, cette personne pense que des droits et des responsabilités lui sont accordés simplement de par son nom de famille. On dira certainement “Regarde celui-là, il se prend pour le boss des bécosses depuis sa première journée!”.

Expression #2: Pousseux de crayon

Être un pousseux de crayon est toujours péjoratif et parfois même une insulte. Si on vous désigne comme un “pousseux de crayon”, ne vous laissez pas faire!

Il s’agit d’une expression faisant référence aux gens travaillant dans les bureaux, surtout au niveau administratif et les fonctionnaires. Le but est de souligner leur incapacité à réaliser un travail manuel ou une tâche physique et ainsi, la plus grande réalisation de leur journée de travail sera de “pousser un crayon”.

Il y a également parfois une nuance de plus dans cette expression comme quoi, votre réalisation la plus importante sera de pousser le crayon et non pas ce que vous écrivez avec le crayon.

Exemples de l’utilisation que j’en fais dans ma vie:

  • Est-ce que votre entreprise a déjà essayé d’obtenir une subvention d’un gouvernement? Je vous dirais que tous les francophones québécois qui sont passés par ce processus ont déjà utilisé cette expression (même si c’était juste mentalement). Par exemple, si vous devez téléphoner au gouvernement pour poser une question sur la preuve supplémentaire qu’ils vous demandent, vous avez probablement dit à vos collègues: “J’ai parlé avec un pousseux de crayon qui n’a jamais travaillé dans une “vraie” entreprise pour penser qu’on peut fournir ce genre de preuve après seulement six mois d’opération”.
  • Il est possible également d’utiliser cette expression dans notre vie quotidienne pour parler du travail de quelqu’un. Puisque cette expression parle généralement des fonctionnaires, quelqu’un qui vit de petits contrats en petits contrats et qui se fait dire par son beau-frère fonctionnaire “pourquoi est-ce que tu ne trouves pas un “vrai” travail?” pourra lui répondre, avec colère: “qu’est-ce que tu connais à mon quotidien? Tu n’es qu’un pousseux de crayon qu’on ne peut pas congédier peu importe la qualité de ton travail!”.

Expression #3: S’enfarger dans les fleurs du tapis

C’est une expression très imagée, très caractéristique (je trouve) des expressions du Québec. En effet, ici on parle de s’enfarger (trébucher) dans le motif floral d’un tapis… c’est une façon de dire que la personne dont on parle s’empêche de réaliser un projet ou de passer à l’action pour des obstacles ou des problèmes sans importance, voire même imaginaires.
La personne vous parlera de difficultés comme si elle devait traverser la jungle amazonienne très dense alors qu’il ne s’agit en fait que de marcher sur un tapis avec un motif floral.
Au bureau, ces gens-là sont toujours ceux qui protestent contre un nouveau projet… et si c’est votre patron, vous avez de grandes chances que les projets que vous proposés ne soient que très rarement approuvés.

Exemples de l’utilisation que j’en fais dans ma vie:

  • Si vous travaillez dans un domaine où le produit final est subjectif (site web, graphisme, décoration, etc.), vous avez très certainement déjà eu un client qui s'enfargeait dans les fleurs du tapis. Vous savez, le client qui demandera huit révisions sur 4 mois parce qu’il y a toujours LE petit truc qui lui cause un problème…
  • On a tous déjà assisté à une réunion interminable à cause de quelqu’un qui voyait des problèmes partout. J’ai déjà personnellement dit à un collègue: “Il va falloir que tu arrêtes de t’enfarger dans les fleurs du tapis parce que nous avons jusqu’à 17h pour envoyer le matériel chez l’imprimeur si nous le voulons à temps pour l’événement du mois prochain!”.

Expression #4: Avoir des croûtes à manger

Jusqu’à tout récemment dans l’histoire du monde, les ressources alimentaires étaient rares et précieuses. Au Québec, avec de longs hivers et une courte période estivale pour les récoltes, c’était encore plus vrai. Il était ainsi important de ne pas rejeter certaines parties des aliments comme la croûte du pain, même si elle était parfois un peu dure et pas très agréable à manger.

“Avoir des croûtes à manger” signifie qu’une personne a encore beaucoup d’expérience et de maturité à acquérir. Comme si, de penser qu’on peut rejeter une partie de sa nourriture prouve qu’on ne connaît rien de la vie.

Exemples de l’utilisation que j’en fais dans ma vie:

  • Cette expression est utilisée de façon positive lorsqu’on veut montrer quelque chose à un jeune et bien qu’il soit un peu maladroit, il démontre une certaine motivation et de bonnes aptitudes. Ainsi, un été au travail, un adolescent avait été embauché pour aider l’homme à tout faire et, alors qu’il était en train de lui montrer comment fixer quelque chose, il lui a dit “Tu as encore des croûtes à manger, mais tu te débrouilles bien! Un peu de pratique et tu vas être un champion.”
  • Cette expression peut aussi être utilisée de façon plus négative. J’ai déjà été responsable d’un stagiaire qui, du haut de ses 20 ans, n’ayant même pas terminé ses études universitaires me disait très sérieusement qu’il voulait devenir gestionnaire dès son premier emploi et ne comprenait pas du tout pourquoi tout son entourage lui disait qu’il avait besoin de commencer dans le bas de l’échelle et de faire ses preuves. Je lui ai dit “Sans vouloir être méchante, si tu ne comprends pas pourquoi tout le monde te dit ça, c’est justement parce que tu as des croûtes à manger…”

Votre défi:

Comme lors des précédents défis des expressions, je vous demande de réfléchir à votre semaine dernière et de trouver une situation où vous auriez pu utiliser chacune des quatre expressions pour décrire quelqu’un au travail ou dans votre entourage.

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